Tounes de dodo

Je ne suis pas un très bon chanteur.  Je ne  fredonne même pas bien.  À vrai dire, je suis pas mal mauvais.  Aucune chorale ne voudrait de moi, même si c’était seulement pour faire le ménage après les répétitions.  J’ai les cordes vocales entremêlées comme des guirlandes de lumières de Noël qu’on a bourré en tapon dans le fond d’une boîte le 3 janvier et qu’on essaie de démêler sans enthousiasme le 15 novembre.

Qu’à ce la ne tienne, lorsque vient le temps de border les enfants, je mets en périls les fenêtres et les miroirs de la maison et je m’élance, « à capella », pour une série d’extraits de petites tounes de dodo.  Avec 4 enfants dans la maisonnée, ma blonde et moi on partage le bordage.  Ai-je besoin de vous dire qu’elle chante beaucoup mieux que moi?  Pas grave.  Frère Jacques, Au clair de la lune… j’ai un petit répertoire que j’abîme tous les soirs.  Je pense que les enfants se dépêchent à s’endormir pour que j’arrête de chanter.  Je les soupçonne même des fois de faire semblant pour que je me taise.  Je suis tellement plate à entendre que je m’endors parfois moi-même.  Les enfants se laissent alors bercer par mes ronflements, que je suis d’ailleurs seul à trouver réconfortants.

Parmi la sélection musicale que j’écorche, j’essaie aussi d’introduire quelques classiques à mon goût.  En voici un qui a du succès par les temps qui courent: Un sourire, de Paul Piché.

Un sourire
Vient juste de s’effacer
Pis je l’ai vu, mourir
Quand j’ai fini de chanter
On peut rire
On peut dire que c’est mieux que de brailler
Toujours se cacher
Faut savoir se faire attraper

Une fois endormies, je réalise que mes filles n’en ont rien à faire de ma piètre qualité de chansonnier.  Ce dont elles ont besoin, c’est un moment privilégié avec leur papa.  C’est aussi un moment privilégié pour moi, où les enfants sont captifs, attentifs.  Un court instant qui leur appartient, qui nous appartient, ce moment de la journée où enfin le temps s’écoule au ralenti.  Réussir à les endormir avec ma voix qui raille et qui fausse, c’est souvent la plus grande réussite de ma journée.

À tous ces papas qui comme moi n’ont pas de voix, allez-y, chantez.  Chantez pour vos enfants et regardez briller leurs yeux jusqu’à ce qu’ils emportent avec eux dans leur sommeil la douceur réconfortante de la tendresse que vous leur fredonnez.  Aux papas qui n’ont pas peur du ridicule, je lève mon verre.  Cheers!


Bière:
Flacatoune

Brasseur:
Microbrasserie Charlevoix

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