Ratures et gribouillis

Je ne vis pas dans le passé et je ne suis pas un nostalgique. Par contre, j’aime me remémorer les bons souvenirs, ça me fait sourire. Vous l’avez sans doute remarqué à travers mes textes, je parle beaucoup du temps, de mes pas et de mes traces. Mes préoccupations ne sont pas du tout liées à un besoin narcissique d’être connu d’un grand public.

Je suis préoccupé par le temps parce que je trouve qu’il va trop vite et j’essaie fort de profiter de chaque instant. Je trouve ça difficile. Mes traces, « mon sentier » comme je l’appelle souvent… c’est pour moi, pour personne d’autre. Lorsque je marche, j’ai l’habitude de regarder autour, de me retourner pour voir le chemin parcouru. Ça me permet de prendre conscience de la route que j’ai empruntée et des obstacles que j’ai franchis.

Ce processus de cheminement, il me suit aussi dans mon écriture. Je privilégie de loin le papier et le crayon au clavier et à l’écran numérique. Comme si mon cerveau ne travaillait pas à la même vitesse lorsque je rédige directement à l’ordinateur. Cette semaine, je pense avoir compris pourquoi je boude la création sur support numérique. Lorsque je regarde un texte à l’écran, je ne vois que le produit fini, ou à l’endroit où il a été laissé… relu, révisé, corrigé ou non.

Je ne fais pas moins de révisions ou de corrections quand j’écris à l’ordi, mais les traces sont rapidement effacées. Ce qui n’est pas conservé est rapidement détruit, supprimé, oublié. C’est comme si on me parachutait en pleine forêt, au beau milieu d’un sentier sans obstacles. Si je me retourne, je n’y vois plus les roches que j’ai contournées, les arbres couchés que j’ai enjambés et les marres de boue dans lesquelles j’ai sali mes bottes.

Ces ratures et gribouillis qui marquent mes écrits ont des allures de petites cicatrices, comme des blessures pansées et guéries. En relisant mes écrits sur papier, je reconnais mon parcours et chacun des endroits où je me suis arrêté, les autres où j’ai contemplé quelques mots éphémères, d’autres où je suis tourné du mauvais côté, où j’ai rebroussé chemin et tous les obstacles qui m’ont fait face. Ces ratures et gribouillis ne sont pas des tourments, ce ne sont pas non plus des marques d’erreurs ou de faiblesses, ce sont les vestiges que je lèguerai à mes enfants, de mon sentier que je défriche… un mot à la fois.


Bière:
Perversion des anges

Brasseur:
Microbrasserie Goudale

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