ÉDITION SPÉCIALE – La ride de char

C’est une autre belle participation au Cabaret des Acolytes qui mène à ce texte. La thématique de l’émission, Road Trip, m’a fait replonger dans mes souvenirs. Au tout début des années ’80, mes parents avaient une Chevy Van et régulièrement on partait faire de la route. Personne ne savait où on allait, même pas mon père qui nous conduisait. On partait sur un road trip, une ride spontanée au parcours aléatoire. Mon père ne savait pas où il nous amenaient, mais je suis certain qu’il savait par où il voulait passer par exemple. Ça prenait un chemin de gravier, des forêts, un lac, des champs de blé dorés… il fallait sortir de la ville.

Maman nous préparait des sandwichs, papa coinçait son paquet de cigarettes sous la manche de sont t-shirt, il enfilait une 8 tracks d’Elvis ou de Connie Francis dans la radio cassette, mon frère et moi on le savait bien qu’on ne ferait pas de devoirs ces journées là.

On prenait la route, destination nulle part. Je revois la main usée de mon père agrippée au volant et l’autre sur la cuisse de maman. La musique était forte, je m’émerveillais des regards complices que mes parents s’échangeaient. Sans le savoir, à notre insu, ils nous apprenaient à ne pas suivre les chemin tracés d’avance, à braver l’inconnu et à nous adapter à tout ce qui pouvait arriver.

On s’arrêtait pour faire le plein d’essence ou pour contempler le silence ou les reflets d’une forêt qui se déplie sur un lac. Bien souvent je me réveillait dans les bras de mon père qui me ramenait dans mon lit une fois revenus à la maison.

Quand j’ai eu ma première auto, en ’92, j’avais 18 ans… c’était à mon tour de mettre ma main sur la cuisse de ma blonde et d’échanger avec elle des regards complices sur des routes inconnues. Aujourd’hui, avec nos enfants, on est toujours à la quête du prochain coin tranquille où on peut s’abreuver de la nature.

Quand est venu le temps d’écrire un texte pour le Cabaret sur les road trip, j’ai pas eu à faire de recherches, j’ai juste eu à fermer les yeux.

Voici «  La ride de char »

Dans cette vie déferlante
Aux heures tumultueuses
Qui me bousculent ardemment
Vers des lendemains incertains

Sous le rythme des jours
Aux nuits qui s’entrelacent
Qui m’usent et m’essoufflent
Vers des réveils abrupts

J’ai besoin de ces matins spontanés
Aux secondes inébranlables
Qui se vêtissent d’infinité
Vers des horizons qui m’espèrent

Je dois faire le plein
Question de faire le vide
Me soustraire à l’oppression du temps
Et m’approprier l’instant présent

C’est un parcours sans destination
Aux virages improvisés
Qui tissent mon périple
Vers un nulle part que je m’invente

Je laisse derrière un passé qui s’étire
Objects in the mirror are closer than they appear
D’innombrables souvenirs en perspective
Convergents depuis mon point de fuite

Droit devant, la est route ouverte
C’est ma voie que je dessine
Je découvre ce que je m’offre
Vers l’inconnu et un reflet d’horizon

Je file sur un pavé que je ne connais pas
Je me défile sur un trajet que je m’approprie
En quête de vastitude et d’immensité
Imaginant des réponses à mes silences

Transporté par l’espoir de liberté
Je boucle la boucle
Sur mon point de départ
Un peu plus serein, face à demain

Je vous invite à regarder l’émission Road Trip du Cabaret sur Facebook Watch
et à écouter sur Spotify l’émission du Cabaret des Acolytes .
Bonne écoute!
Vous pouvez également suivre Le Cabaret des Acolytes sur Facebook.


Bière:
Triple Belge
Brasseur:
Tré Carré Microbrasserie

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